Yop les filles !
D'abord, joyeux noel pour ceux qui le fêtent, Bonne année, banne santé, tralala.
Jusqu'à présent, ma grossesse se passe bien, malgré mon angine cette semaine, mais j'ai fais du vélo sous la pluie, alors j'ai pas à me plaindre :b
Tout à l'heure, je reçois un message d'une copine. Blondie. Jumelle avec Brunie.
J'ai passé des moments de vacances merveilleux en leur compagnie. Elles venaient à la campagne chez Mamie, ma voisine. Tous les étés. Toutes les vacances. Et parfois même le week end. J'ai toujours été fourrée chez elles. 14h sonnante, je décrochais le téléphone, et je demandais si je pouvais venir jouer. On s'est farcies assez de dictées pour réécrire le seigneur des anneaux.
Nous avons grandies. Elles sont venues moins régulièrement, adolescence oblige, puis travail et études maintenant. On ne se croise plus que rarement. Mais j'ai toujours le numéro de Blondie.
Blondie, la grande blonde bouclée mais complètement garçon manqué. A pris le physique de la mère, avec le caractère du père. A l'inverse de sa soeur.
Ca n'a pas été rose tous les jours pour Blondie. Déjà dans nos jeux, on la mettait de coté, pas méchament, mais comme elle était toujours en train de raler... Puis quand elle a été malade. Un matin, il lui a été impossible de se lever. Je n'ai pas les détails, mais il s'est passé un truc au niveau de sa moelle épinière. Longue à été le chemin de la ré-éducation. Longue le chemin de la confiance familiale à reconquérir, famille qui est toujours persuadée qu'elle faisait semblant, malgré les preuves médicales à l'appui. Elle en a guérit.
Aujourd'hui, elle me bippe. Joyeux noel, bonne année, je peux t'appeler ?
Je soupçonne du sérieux, j'embarque donc ma poubelle phonique dans ma chambre et décroche.
Plus jeunes, les jumelles ont été abusées sexuellement. Elle m'en parle. C'est la première fois. je n'étais pas au courrant. Je n'ai rien vu. Elle me demande si je me souviens de son frère (demi-frère, plus grand d'une douzaine d'années). Oui, je m'en souviens, mais trop peu. Un après-midi, dans le jardin comme tant d'autres passées en compagnie des filles. A courrir partout, à faire les idiotes, à chahuter. Cela viendrait de lui. Non. Il ne m'a rien fait.
Elles luttent contre leur famille qui trouve que c'est encore une connerie pour faire leurs interressantes. Elles avaient environ 3 ans au moment des faits. J'en avais 6 ou 7. Je n'ai rien vu.
Nous en avons discuté quelques minutes.
J'ai très peu de souvenirs de cet ado qu'était leur demi frère. Il était trop grand pour faire vraiment parti de mon cercle de jeu, comme je lui ai dit. Je l'intégrais à nos jeux parce que j'avais ordre d'être gentille, vu que les filles ne le voyaient pas souvent. Ca leur faisait plaisir, ça faisait plaisir à leur mère, à leur père, et à leur grand-mère. Je m'en fichais, je ne le revoyais plus avant des années. Je pouvais bien jouer avec lui pendant un après-midi.
Mais que se passait-il donc avant que j'arrive et quand j'étais partie ?
Ce n'est pas la faute de la petite fille que j'étais de n'avoir rien vu. Leur famille dit qu'à trois ans elles ont tout inventé. A-t-on assez d'imagination pour en faire des cauchemards 20 ans après ? Blondie m'a dit avoir consulté des psy. Suivant la procédure, et sur insistance de la famille. Elle n'invente manifestement pas.
J'ai cuisiné un peu ma mère pour en savoir plus. Effectivement il n'était pas clair. Elle me parle de "tentative". Mais à cette époque, on étouffe très vite en famille ce genre de chose.
Ce qui me fait peur pour notre génération. Ma mère m'a élevée d'une certaine façon, avec une confiance "inconditionnelle" en l'adulte. Il ne m'est jamais rien arrivé, heureusement. Bien sur, je n'aurais pas suivi un inconnu dans la rue, ou ce genre de chose. Mais "ce genre de chose" s'applique-t-il lorsqu'un membre de votre propre famille, qui a plus de dix ans de plus que vous, vient vous proposer un jeu ?
Cela me rappelle une discussion sur un forum, récemment. Une internaute à lancé un sujet sur le reportage du jour, ou il était question d'un médecin examinant "intimement" une petite fille pour infection urinaire. Le père et le frère de la fillette étaient dans la salle. Cela choquait l'internaute que le garçon ait été face à l'intimité de sa soeur en train de se faire tripatouiller par le médecin. Toute la discussion qui à suivit à porté sur la capacité physique, morale et psychologique de la petite fille à dire "non". Personnellement, si mon père m'avait confié à un médecin, et que mon frère m'avait "reluqué" toute la séance, je n'aurais jamais dit non. Que ce soit pour ce frère qui regardait, ou pour ce médecin qui touchait des endroits en théorie interdits. Tout simplement parce que ce serait mes parents qui m'y auraient amenés, et que s'ils ne disaient rien, c'est que tout était normal.
J'ai l'impression que c'est ce danger là qui était plus dangereux que l'inconnu qui offre des bonbons dans la rue. Quand le frère est assez adorable pour jouer avec ses "mini" soeurs pendant trois heures dans leur chambre sans qu'elles se disputent. La porte fermée, on ne les entends pas. Les adultes discutent sur la terrasse en bas, entre deux cafés et biscuits. Puis les pères se lèvent, ils descendent en ville faire quelques courses. Les femmes se lèvent aussi, passent au salon et à la cuisine pour le gouter et le menu du soir. Il fait beau, les fenêtres sont ouvertes. Les adultes discutent et rient fort. Qui entend quelque chose ? Qui peut penser qu'il se passe autre chose qu'un grand frère s'interressant à des petites soeurs qu'il ne voit pas souvent ?
J'espère un jour pouvoir élever mon enfant dans la confiance. La confiance en moi, la confiance en lui surtout. Qu'il en ait assez pour me dire Non, pour me dire pourquoi, et pour trouver une solution ensemble. Pour que ce genre de chose n'arrive pas. Pour qu'elles n'arrivent plus.